" La force et l’énergie que je cherche et tente d’exprimer sont paradoxalement dans la connaissance intime de la fragilité du monde " YB
Comme pour les mots de l’émotion poétique… Comme pour les gestes et les formes de mon expression picturale… Un lien profond unit l’écriture, la peinture et le livre sculpture au sein de mon travail. Dans les trois gestes se mêlent et se répondent le thème de la mémoire, du fragment en danger de destruction que je réinvesti : papiers très anciens rongés ou juste écrits et maculés de leur propre histoire, bois vieillis, ridés qui deviennent matrices pour des empreintes, des frottages-écritures, un retour à la xylographie millénaire. Le livre est un fragment de temps retenu. Il est l’objet cultuel par essence.
Avant le livre, et même avant le papyrus fut le « liber », pellicule entre le bois et l’écorce de l’arbre sur laquelle on écrivait.
Ma démarche est une remontée vers cette source archéologique, cette mémoire initiale constamment distendue entre l’effacement et la résurgence. Il me faut re-tourner dans les cercles concentriques de la croissance universelle et exponentielle du tronc d’arbre, souligner les traces et les silences de ce « mille feuilles ». Ouvrir, fendre, dédoubler, dérouler le bois en son état natif d’avant papier. Mes livres-objets sont des livres sculptures qui évoquent les nécessités et les accidences de la force vitale de la nature. Quelques mots suffisent alors pour murmurer le sens…
Alors vient le verbe…
YB